Citations 2

MÉTIER

« Tout ce que j’ai accroché au mur devant vous est né d’une grande bataille. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 32

« Je tâche de pousser mon tableau jusqu’à la limite de mes forces. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 38-39

« Quelque chose qui réduisait à néant mes expériences passées. Quelque chose qui me paraissait jeune et neuf. Une porte allait s’ouvrir… sur le ciel. Une porte s’est ouverte. Mais pas sur le ciel. Sur un chemin âpre et dur. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 32

« Delacroix s’exprime à maintes reprises sur sa conception de l’œuvre d’art et sur la vérité en art telle qu’il la perçoit. Son point de vue est celui d’un artiste aux prises avec ses confrères artistes, les goûts du public et ceux des critiques d’art, d’un homme qui combat leur hostilité pour développer son œuvre et en faire reconnaître la valeur et l’authenticité classique. Ces ‟néogothiques‟ et ‟néo-classiques‟ l’indignent, alors qu’il se sent, quant à lui, le véritable héritier de l’art et des artistes de l’Antiquité et du passé en général : pour lui, qui aime les arts du Moyen Âge, nul besoin de reconstitution archéologique, de ces dogmes assénés par des experts et de ces règles de style dans lesquelles se reconnaissent les tenants de ces écoles qu’il condamne, dans son Journal, comme ignorantes, mensongères, et même»barbares». Pour Delacroix, revendiquer les valeurs du classicisme et de l’art du Moyen Âge, ce n’est pas singer leur style, c’est retrouver et reprendre leur héritage spirituel : le classicisme pour sa simplicité, l’esprit du Moyen Âge pour son symbolisme, ce ne sont pas des affaires d’époque ou d’historiens, c’est affaire de compréhension et de connaissance intime des œuvres. Il s’agit, plus encore, d’une expérience concrète et vivante. Sans la pratique et la technique du métier, nulle connaissance de l’art ne lui paraît possible. »
Genet-Delacroix Marie-Claude, « Delacroix et les « Néos » : pour le vrai contre le faux », Sociétés & Représentations, 2005/2 (n° 20), p. 225-243. DOI : 10.3917/sr.020.0225. URL : https://www.cairn.info/revue-societes-et-representations-2005-2-page-225.htm

MISSIONS ET RÔLE

« Jadis la peinture avait des devoirs à remplir. Elle devait suppléer au manque de livres et de lecteurs, raconter les épisodes de la Bible, diffuser les idées philosophiques. Aujourd’hui, elle n’a plus de semblables missions. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 54

« Eh bien ! D’une certaine manière, c’est plutôt anormal de passer son temps, au lieu de vivre, à essayer de copier une tête, d’immobiliser la même personne pendant cinq ans tous les soirs, d’essayer de la copier sans réussir et de continuer. Ce n’est pas une activité qu’on peut exactement normale, n’est-ce pas ? Il faut être d’une certaine société pour qu’elle soit même tolérée, parce que, dans d’autres, on ne pourrait pas la tolérer. »
Alberto Giacometti, Écrits (Articles, notes, entretiens), Savoirs/sur l’art, Hermann, p. 251

« Jusqu’au dix-huitième siècle, l’art était au service de la société ou plutôt d’une partie de celle-ci (église, princes, etc.). Dans la société bourgeoise, les peintres ont déplacé le centre de leur recherche, ont voulu exprimer une vision directe du monde, celui qu’ils voyaient. (…) De cette façon, les artistes ont remis en question les bases même de la vision : à partir de ce moment, on a cessé de penser à un travail directement utile à la société. Au dix-neuvième siècle, les impressionnistes auront eux aussi une claire conscience d’être aux marges de la société. »
Alberto Giacometti, écrits (Articles, notes, entretiens), Savoirs/sur l’art, Hermann, p. 261

« Ça n’empêche pas que, peu à peu, les œuvres des classiques, lesquelles représentaient une somme de connaissances, la somme de connaissances qu’ils avaient de la réalité, et non pas leur vision, ces œuvres se sont substituées à la vision même de la réalité. »
Alberto Giacometti, écrits (Articles, notes, entretiens), Savoirs/sur l’art, Hermann, p. 176

« On ne voit la réalité qu’à travers des écrans. Les gens ne voient le monde qu’à travers la peinture académique, ou de la peinture impressionniste (…) Aujourd’hui n’importe quel type de la campagne voit les ombres violettes (…) »
Alberto Giacometti, écrits (Articles, notes, entretiens), Savoirs/sur l’art, Hermann, p. 203

NOUVEAUTÉ / NOVATION

« Je ne pense pas qu’il y ait une peinture nouvelle dans le sens des moyens, il y a seulement des hommes qui arrivent à exprimer des sentiments humains jusque-là inconnus. Les moyens en peinture ne sont qu’un aspect, un vêtement souvent vide de tout contenu. Les grandes œuvres, voyez-vous, viennent sans bruit sur des pattes de colombe, comme dit Nietzsche, elles n’empruntent pas les trompettes et les grosses caisses pour annoncer leur venue. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 139

« La plastique du jour la plus elliptique, la plus succincte, n’est pas seulement préservée de ce genre d’impertinences par une critique d’art qui conjure tout reproche possible d’incompréhension de la part d’une postérité moqueuse par une sur compréhension instantanée et dévote (…) Chaque individualité de la création visuelle a désormais sa référence normative propre. Chacune imprime sa monnaie, et toutes prétendent avoir un cours légal. A chacun son code et que tous les codes se valent. »
Debray Régis, Vie et mort de l’image, Gallimard, 1992, p. 72

« La nouveauté n’est jamais qu’une modification dans le maquillage de la convention. L’art et la beauté se tiennent à part, un peu à l’écart, et dans leur nudité de froid tremblante, attendent les fards qui leur apprêtent un masque nouveau »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 92

PEINTURE COMME ENTITÉ (essence, substance de la peinture)

« (…) je crois qu’il y aura toujours des hommes pour s’exprimer sur un papier, sur une toile, et d’autres hommes qui aiment ces signes, ces taches. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 57

« Étrangers les uns aux autres dans la pratique de leurs activités, historiens et historiens de l’art constituent, au fond, les uns et les autres, les derniers représentants d’une civilisation du livre, toute entière liée à la considération des faits du langage, voire de l’écriture. Les plus fougueux esthéticiens eux-mêmes ne prennent en considération que les valeurs qui, dans l’art, lui sont communes, soit avec la littérature, soit avec la philosophie. Ils ramènent son étude à un type de significations illustrant des valeurs qui se forment en dehors de lui. »
Pierre Francastel, La réalité figurative, Denoël/Gonthier, 1978, p. 71

« Lorsque Mozart écrit une phrase musicale ou lorsque Tintoret brosse une composition, il n’a pas en vue de répéter dans un autre langage ce qui a été dit ou ce qui pourrait être dit autrement. »
Pierre Francastel, La réalité figurative, Denoël/Gonthier, 1978, p. 13

« Prenons en exemple le mode d’existence propre à la poésie. En quel sens peut-on dire qu’une fable de La Fontaine, ou qu’une tragédie de Racine soient des êtres doués d’existence actuelle, ou, comme on dit, des « existants ? »
Étienne Gilson, Peinture et réalité, Problèmes & controverses, Librairie Philosophique J. Vrin, 1972, 1998, p. 16

« On aimerait parler peinture. Tout langage est l’expression directe d’une morale quand elle n’est pas attitude empruntée mais manière d’être qui suppose de longues années d’apprentissage, d’épreuves de toutes sortes avant qu’elle ne manifeste son unité ; ou bien elle n’est pas : la peinture n’est alors qu’une façon d’apparaître et s’en satisfait. »
François Mathey, Introduction, Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964,, Le temps qu’il fait, 1994, p. 14

LE PEINTRE VRAI

« Tout le monde triche, Lui, l’artiste, il ne triche pas, ne dupe pas, n’est pas dupe. Il est en dehors. Personne ne peut le comprendre. »
Juliet Charles, Rencontres avec Bram Van Velde, P.O.L, 2001, p. 25

« Mais pourquoi de toutes les dernières peintures de Braque, est-ce le vase jaune ocre qui m’est resté le plus vivement en mémoire ? Peut-être parce qu’en s’accrochant, en donnant un tel poids à une seule partie de la surface du plus simple et, d’une certaine manière, du plus signifiant des objets, il valorise en même temps tout ce qu’il ne peint pas, il donne une valeur à celles qui étaient les plus mornes et nulles des choses et il exalte toutes celles qui les dépassent jusqu’à celui qui les regarde. »
Alberto Giacometti, Écrits (Articles, notes, entretiens), Savoirs/sur l’art, Hermann, p. 113

« Braque cherchant à sauver ces fleurs périssables, Braque comme désarmé devant ces choses qu’il interroge, cherchant à arrêter sur une toile pour un peu plus de temps, pour le plus longtemps possible, une parcelle de tout ces choses et de lui-même et des autres. »
Alberto Giacometti, Écrits (Articles, notes, entretiens), Savoirs/sur l’art, Hermann, p. 113

« La peinture en effet est au dessus de ces petites histoires. Elle existe dans la mesure où elle dégage une parcelle plus ou moins grande d’humanité. Ils sont rares parmi les hommes ceux qui ont une âme. Pourtant c’est l’opinion de ceux-là seuls qui importe. Une peinture c’est l’image de quelqu’un, sa projection toute entière, sans mensonge, ni réticences, avec ses misères comme avec ses beautés. La peinture ne s’accommode pas de mensonges. Mais c’est très difficile de ne pas mentir. Pour y parvenir il faut être capable de descendre au plus profond de soi pour y ramasser tout ce qu’on y trouve, même ce qui vous dégoûte. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 26

« Le tableau qu’il soit à l’huile, à l’eau, qu’il soit fait d’étoffes, de ciment ou de la boue des chemins, n’a qu’une signification : la qualité de celui qui l’a créé et la poésie qu’il porte en lui. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 34

« Tout est permis, tout est possible, pourvu que derrière le tableau un homme apparaisse, tel qu’il est tout nu, comme la vie  »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 34

« Peu de choses au monde voyez-vous, demandent autant de sincérité que la peinture. Elle est un miroir fidèle, le peintre s’y reflète tout entier. Tel qu’il est sans masque. Si d’aucuns veulent mentir, cacher leurs faiblesses imiter des émotions qui ne sont pas les leurs le tableau les trahit aussitôt et les dévoile »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 38

« Je ne dis pas qu’avec le geste on ne puisse exprimer un sentiment — force ou plaisir… Mais, par définition, cela reste quand même… gestuel. Et superficiel. Je ne dis pas non plus qu’un peintre abstrait n’a pas sa vérité propre, mais ce n’était pas la mienne. J’ai peut-être tort, mais il m’importait d’être scincère et de faire sortir ce qui existait en moi. »
Zoran Music, l’homme intérieur, propos recueillis par Henri-François Debailleux, Libération du 4 septembre 1992

« L’artiste ne se tient pas dans le quotidien. C’est pour ça qu’on le prend pour une bête curieuse. »
Juliet Charles, Rencontres avec Bram Van Velde, P.O.L, 2001, p.22

« (…) je crois que tout tableau est une aventure et quand le cœur est engagé, aucune expérience ne saurait nous venir en aide, nous sommes la proie de forces mystérieuses que nous ne saurions contrôler. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 46

« (…) la peinture à mon sens n’est pas un choix mais une fatalité : comme le pommier nous donnons des pommes mais nous ne saurons jamais ni pourquoi, ni comment. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 51

« La peinture n’est pas un choix, mais une nécessité. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 117-118

« La peinture est une chose toute bête, toute simple. Je peins pour me sortir du trou. Je peins ma misère. »
Juliet Charles, Rencontres avec Bram Van Velde, P.O.L, 2001, p. 22

LA PEINTURE QUI TIENT

« (…) j’ai fais un certain nombre de toiles de grandes dimensions. Que valent-elles, je ne sais ? Je verrais cela quand je les retrouverais avec plus de recul (…). »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 126

« Bonnard se conseillait à lui-même de soumettre ses tableaux au test de la distance (…) Dans une série de notes publiées par Jean Leymarie, il se montre même obsédé sur ce point : « pour se juger, poser la toile par terre, sur un mur en plein air, à 10 mètres « , remarque-t-il, ajoutant ailleurs qu’il est  » nécessaire de connaître d’avance l’effet des lignes, des volumes, des couleurs qui seront vus à distance, ce qui restera comme puissance ». »
Yves-Alain Bois, La  » passivité  » de Bonnard, dans L’oeuvre d’art, un arrêt du temps, Catalogue de l’exposition Pierre Bonnard du 2 février au 7 mai 2006 au Musée d’art moderne de la ville de Paris, Paris-Musées/Ludion, p.-p. 57-58

PHÉNOMÈNE PLASTIQUE

« Tout l’enseignement des arts est orienté vers le commentaire littéraire et symbolique. On ne montre pas la valeur propre de l’œuvre, comment la pensée plastique s’exprime directement par le maniement de valeurs comme les proportions, les couleurs, les rythmes, les intervalles. Toute tentative pour élaborer une science de l’art à partir des normes de la pensée verbale est par avance condamnée ; c’est pour l’avoir fait jusqu’ici que les historiens de l’art se trouvent dans l’impasse. »
Pierre Francastel, La réalité figurative, Denoël/Gonthier, 1978, p. 88

« Il nous manque d’avoir reconnu l’existence d’un langage plastique assorti à un type d’action et à des conduites très représentatives et très stables dans l’humanité – par qui nous lisons du premier coup d’œil et jugeons sans les comprendre des œuvres formées par des civilisations qui nous sont par ailleurs entièrement étrangères. »
Pierre Francastel, La réalité figurative, Denoël/Gonthier, 1978, p. 85

« Il existe une pensée plastique – ou figurative – comme il existe une pensée verbale ou une pensée mathématique »
Pierre Francastel, La réalité figurative, Denoël/Gonthier, 1978, p. 76

« La peinture est, si l’on veut bien la considérer en son essence, une géométrie vivante de formes et de couleurs, une sorte de géométrie nouvelle et plus complexe où les couleurs et les formes seraient inséparables et réagiraient les unes aux autres, selon des lois où l’élément forme et l’élément couleur ne formeraient qu’un tout. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 89

POÉSIE

« Mais parce que vous êtes demeuré solitaire parmi vos rêves, vous avez entrevu l’autre côté du monde. Celui que si peu devinent. Le seul pourtant qui compte »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 68

« Eugène Delacroix a eu claire conscience de la nature du problème. Il pensait, comme à peu près tous les peintres, que son art dépendait de quelque chose d’analogue à ce que l’on nomme poésie dans l’art d’écrire ; mais il regrettait que le nom de ce quelque chose fût emprunté à l’esthétique des belles-lettres comme si le principe dit poétique était de même nature dans les deux cas »
Étienne Gilson, Peinture et réalité, Problèmes & controverses, Librairie Philosophique J. Vrin, 1972, p. 140

« Il n’est pas question de prouver ni d’affirmer. Mais seulement de communiquer des émotions indicibles (…) »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 117

« La peinture est une poésie muette. »
Léonard de Vinci, Traité de la peinture, trad. André Chastel, Berger-Levrault, 1987, p. 90

« Couché au fond de l’herbe, dans la lumière verte qui pleuvait, les bois profonds, les prairies, la mare luisante et les bêtes au pelage clair, tout cela n’existait plus. Il n’y avait sous mes paupières qu’une masse irisée, où la couleur et la lumière se pénétraient et s’engendraient. Et toute une poésie ignorée surgissait. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 31

« Et de tous les rêves tendres Qui par des chemins différents Nous conduisent de l’autre côté du monde visible. Du côté de la poésie. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 73

POINT D’ENTRÉE

« Élie Faure confesse qu’il faillit à ce moment-là lâcher le Louvre pour retourner à la relative facilité de ses amours d’antan, la peinture académique. Mais le jeune homme persiste, revient sur les lieux de sa confusion esthétique, s’acharne et, un jour, le miracle se produit: «Delacroix m’a sauvé, Courbet ensuite. Les Vénitiens ont fait le reste. »
Dominique Dupuis-Labbé, Préface, Elie Faure, Histoire de l’Art de Bartillat, réédition 2010, p. III

« Mais il n’y eu pas que les Vénitiens, le jeune élie Faure s’enchante devant les œuvres de Rubens, de Rembrandt, de Velázquez, de Poussin, du Lorrain, de Watteau. Au fil de ses visites au Louvre et au musée du Luxembourg, élie Faure regarde, forme son oeil, enregistre, classe, compare les formes et les couleurs et l’espace, engrange sans le savoir les éléments de sa réflexion, cherche l’accord de la surface colorée, retient en chaque toile qui attire son attention le secret de son harmonie… »
Dominique Dupuis-Labbé, Préface, Elie Faure, Histoire de l’Art de Bartillat, réédition 2010, p. III

PRÉJUGÉ DE MODERNISME

« Il y a trente mille ans, et nous en sommes encore là. Nous n’avons rien appris et depuis que j’ai vu cela, je n’ai plus envie d’aller à Rome. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 122

« Giotto est pour moi le sommet de mes désirs. »
Matisse Henri, Propos et écrits sur l’art, Savoir, Hermann, 1993

PROCESSUS CRÉATIF

« Tout se fait en moi, à mon insu. J’ignore pourquoi je place une couleur à côté d’une autre. C’est l’instinct qui se manifeste par l’intermédiaire de ma main. Je pourrais dire comme le Douanier Rousseau : ce n’est pas moi qui peins, mais quelque chose au bout de ma main. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 113

« Et tout cela se déposa sur des toiles, se convertit en formes et en couleurs. Et celles qui nous touchent le plus furent celles qu’il avait le moins préméditées. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 71

« Il s’agit de lire et de prononcer une forme en soi avant de l’écrire. »
Paul Valéry, Degas Danse Dessin, Collection Idées, Gallimard, 1983, première parution en 1938

« Aux murs du grand salon où nous nous tenons, sont accrochées quelques-unes de ses toiles, appartenant à différentes époques, Je les regarde. Il les regarde avec moi. Ni il ne les admire, ni il n’affecte de les sous-estimer, ni il ne s’empresse de me donner des explications, de me faire valoir qu’il les a dépassées. Il les contemple, sourit, hoche la tête, il est tout étonnement, il s’étonne que cela soit né de lui. »
Juliet Charles, Rencontres avec Bram Van Velde, P.O.L, 2001, p. 23

« Moins on pense, mieux c’est. »
Juliet Charles, Rencontres avec Bram Van Velde, P.O.L, 2001, p. 24

« Le plus difficile c’est de ne pas vouloir »
Juliet Charles, Rencontres avec Bram Van Velde, P.O.L, 2001, p. 24

«  Le grand risque, c’est la fabrication. Ne jamais forcer les choses. On ne peut qu’attendre. »
Juliet Charles, Rencontres avec Bram Van Velde, P.O.L, 2001, p. 25

« La peinture, c’est un œil, un œil aveuglé, qui continue de voir, qui voit ce qui l’aveugle. »
Juliet Charles, Rencontres avec Bram Van Velde, P.O.L, 2001, p. 25

« Celui qui imagine une forme n’a aucun modèle ; il part d’un programme, d’un principe, il expérimente en vue d’assujettir la matière à se conformer le mieux possible non à un type quelconque, abstrait ou concret, antérieurement donné, mais au seul dessein d’inventer un nouvel ordre dans lequel il imposera une certaine disposition des parties autant aux éléments matériels qu’imaginaires. En un mot, il ne réalise pas seulement, il invente. Peu lui importe que son entourage trouve aisément un repère. Dans la mesure où il crée un système cohérent, un ensemble, les relations de causalité qui lui auront suggéré de traduire telle intention – Bach disait une invention – par tel signe apparaîtrons fatalement avec le temps à un public ; surtout à travers la succession d’œuvres analogues que lui-même ou ses imitateurs multiplieront par la suite. L’œuvre d’art ne propose donc pas à la société des objets figuratifs de ses certitudes antérieures ; elle lui offre au contraire des matrices qui se révèlent de nouvelles relations, de nouvelles valeurs. »
Pierre Francastel, La réalité figurative, Denoël/Gonthier, 1978, p. 19

« La nature vue, la nature sentie, celle qui est là (il montrait la plaine verte et bleue), celle qui est ici (il se frappait le front) qui toutes deux doivent s’amalgamer pour durer, pour vivre d’une vie moitié humaine, moitié divine, la vie de l’art, écoutez un peu… la vie de Dieu. »
Paul Cézanne, Propos rapportés par Joachim Gasquet dans Cézanne, Paris, Bernheim jeune, 1921

REGARDER LA PEINTURE

« Un bon tableau, dans un premier temps, nous désapprend la parole et nous réapprend à voir. à soupeser, à placer, à distinguer à l’oeil nu le grenu du fibreux, le mat du semi-mat, le dépoli du translucide; à faire résonner au fond de soi la silencieuse intensité d’un outremer, le jeu changeant des rayons lumineux sur une surface vernissée, et le glacis flamand fait pour la semi-obscurité d’un intérieur d’hiver n’est pas le satiné vénitien de ces palais aux baies ouvertes sur le large. »
Debray Régis, Vie et mort de l’image, Gallimard, 1992, p. 51

« La critique, elle-même est devenue indifférente et trouve des qualités partout. Seuls quelques-uns savent rester simples devant des tableaux simplement faits »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 55

« Je voudrais que l’on regarde la peinture, sans aucun conformisme, ni idées préconçues. Par exemple il ne faut pas étiqueter les genres. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 60

« Il y a une sorte de construction dans la vision, dont nous sommes dispensés par l’accoutumance. Nous devinons ou prévoyons, en général, plus que nous ne voyons et les impressions de l’oeil sont pour nous des signes et non des présences singulières antérieures à tous les arrangements, les résumés, les raccourcis, les substitutions immédiates, que l’éducation première nous à inculqués »
Paul Valéry, Degas Danse Dessin, Collection Idées, Gallimard, 1983, première parution en 1938

« Les grandes œuvres, voyez-vous, viennent sans bruit sur des pattes de colombe, comme dit Nietzsche, elles n’empruntent pas les trompettes et les grosses caisses pour annoncer leur venue. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 139

LES  RISQUES DU MÉTIER

« Croyez-moi c’est toujours contre soi-même que l’on crée, si l’on est honnête. Autrement, on exploite un filon »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 56

« Beaucoup, jadis, me firent l’honneur de me demander conseil. De tous, vous étiez peut-être le plus doué. Le plus sensible aussi. Mais probablement le plus modeste. D’autres pensaient à réussir, à arriver… Quelques-uns sont arrivés en effet. Mais dans quel état ! »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 67

« La peinture pour beaucoup d’entre nous, n’est qu’une jonglerie. Qu’un jeu d’adresse. Qu’un tour bien réussi. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 68

SIGNES

« Sur la relation dialectique du signe et de la perception optique (…) Chaque œuvre est un ensemble de signes, inventé pendant l’exécution et pour les besoins de l’endroit. Sortis de la composition pour laquelle ils ont été créés, ces signes n’ont plus aucune action… Le signe est déterminé dans le moment que je l’emploi et pour l’objet auquel il doit participer »Ces phrases de Matisse éclairent d’une façon lumineuse le problème du prétendu habillage des idées par des signes. »
Pierre Francastel, La réalité figurative, Denoël/Gonthier, 1978, p. 75

« Vers 1955, le signe tend à disparaître et ces coups de brosse se juxtaposent, se multiplient; de leur répétition, des rapports qui s’établissent alors entre ces formes presque semblables les unes aux autres, nait un rythme, une rythmique de l’espace. Plus le rythme est fort et moins l’image, je veux dire la tentative d’association figurative, est possible… »
Soulages interrogé par Jean Grenier, Entretiens avec 17 peintres non figuratifs, éditions Folle Avoine, 1990

« La distinction nécessaire entre art et parole, représentation et figuration, problème qui fait l’objet dans ce recueil d’une étude théorique préliminaire. La première erreur à éviter est de réduire l’esthétique à une théorie du signe. »
Pierre Francastel, La réalité figurative, Denoël/Gonthier, 1978, p. 17

SOUFFRANCE ET JUBILATION

« Enfin ça va mieux depuis deux ou trois jours, ce ne sont pas des chefs-d’œuvre mais enfin cela contient une possibilité et un espoir. Mais bon dieu ce que c’est épuisant cette lutte avec la matière et ces journées passées à travailler, avec le soir l’impression qu’on aurait mieux fait d’aller dormir. On a le sentiment qu’on ne fera jamais plus rien de bon, et qu’on ne sait plus rien faire. Je devrais pourtant avoir l’habitude depuis trente ans que je connais ces désespoirs, mais on ne s’y habitue jamais, je vois, et c’est toujours aussi décourageant. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 131

« Je suis en ce moment en plein travail et le génie me sort par tous les pores. J’ai commencé plusieurs tableaux qui me passionnent et je suis à une de ces heures où on fourmille d’idées de toiles et de projets. Profitons-en tant que ça dure. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 139

SOUVERAINE, PEINTURE SOUVERAINE

« On ne voit la réalité qu’à travers des écrans. Les gens ne voient le monde qu’à travers la peinture académique, ou de la peinture impressionniste (…) Aujourd’hui n’importe quel type de la campagne voit les ombres violettes (…) »
Alberto Giacometti, écrits (Articles, notes, entretiens), Savoirs/sur l’art, Hermann, p. 203

SACRÉ

« Sacrée, quelle image intense ne le fût ? Le sacré déborde le religieux, comme la transcendance, le surnaturel. Dans la peinture de ce siècle, Giacometti et Matisse pourraient y prétendre aussi bien que Chagall et Rouault. »
Debray Régis, Vie et mort de l’image, Gallimard, 1992

« La belle peinture, disait Michel-Ange, est pieuse en elle même, car l’âme s’élève par l’effort qu’il faut donner pour atteindre la perfection et se confondre avec dieu; la belle peinture est un reflet de cette perfection divine, une ombre du pinceau de dieu…! »
Elie Faure, Histoire de l’art, Bartillat, réédition 2010 (1921), Introduction à la première édition, p. 16

SINCÉRITÉ

« Soyez sincères et n’essayez pas de vous servir de modes d’expression contraires à votre tempérament.
Sachez accepter vos qualités et vos défauts et en tirer le meilleur parti possible, c’est un courage que tous les maîtres ont su avoir.
Ne cherchez pas à faire un dessin ou un tableau  » réussi « , cela n’a aucun intérêt. Cherchez plutôt à apprendre quelque chose et à faire un pas en avant.
Quand vous serez astreint à ces lignes de conduite vous posséderez une discipline et une méthode qui vous éviterons de longs tâtonnements.
Alors, mais alors seulement, vous pourrez sans danger oublier ces directives,  vous fier à vos seules forces, c’est-à-dire à votre sensibilité propre, car en dernier ressort c’est le cœur qui justifie tout et là je ne puis plus rien pour vous. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 102

SINGULARITÉ

« Impersonnelle s’est voulu la peinture de Cézanne, mais sa personnalité est toute entière dans sa chasteté optique, la raideur un peu grave de ses tableaux. (…) Sans s’y être mis, il y est tout entier. »
Debray Régis, Vie et mort de l’image, Gallimard, 1992, p. 52

SUJET

« Les auréoles, les nimbes, autour du Christ, des Vierges et des saints, on n’aperçoit qu’elles. Elles s’imposent, elles me gênent. Que voulez-vous ? On ne peint pas des âmes. On peint des corps, et quand les corps sont bien peints, foutre ! L’âme, s’ils en avaient une, l’âme de toutes parts rayonne et transparaît. »
Paul Cézanne, Propos rapportés par Joachim Gasquet dans Cézanne, Paris, Bernheim jeune, 1921

« Mes tableaux sont des images sans titre pour que chacun y accroche ses rêves »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 54

« La raie dépouillée de Chardin – dépouillée – aussi, semble t’il de tout artifice, car»c’est la chair même du poisson, c’est sa peau, c’est son sang»- n’affecte pas autrement que»l’aspect même de la chose»et»l’objet est dégoûtant». Il n’en faut pas moins pourtant toute la magie de l’art pour que cette»Raie», aussi dépouillée fût-elle, ne provoque pas la nausée mais bel et bien un plaisir esthétique… »
Domenach Jean-Marie, Rosolato Guy, Deloche Bernard…  L’imitation aliénation ou source de liberté ? Rencontres de l’école du Louvre, La documentation Française, 1985, p. 226, Sarah Kofman

« Ce sont de très petits tableaux (…). Je ne veux aucun titre. Ils sont faits seulement pour que ceux qui les verront y puissent accrocher leurs rêves (…)  »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 135

(LE) TEMPS

« Il faut porter la création longtemps, le plus possible. Un tableau vite fait résiste moins, j’en suis sûr. Il pourrait avoir des qualités de surface, celles qui nous touchent les premières, mais elles ne durent pas. Les autres se dégagent beaucoup plus lentement, elles sont moins frappantes peut-être, mais ce sont elles qui nous retiendront. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 111-112

« (…) j’ai fais un certain nombre de toiles de grandes dimensions. Que valent -elles, je ne sais ? Je verrais cela quand je les retrouverais avec plus de recul (…)  »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 126

« Une couleur en appelle une autre. Je reprends ma toile, je la transforme. Cela dure parfois six mois, un an, puis un jour, j’ai envie à nouveau d’y travailler. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 61

« Il fut une époque où, pressé par les marchands, je me laissai aller à céder des toiles que j’aurai dû garder, les travailler plus, les oublier pour les reprendre ensuite. C’est ainsi qu’un certain nombre seraient à revoir, la moitié au moins, et même à détruire. »
Jules Joëts, Deux grands peintres au Cannet, Arts-Documents n° 29, février 1953, p-p. 8-9

THÈME

« (…) encore que ce ne soit pas le thème qui doive diriger l’émotion,  mais la peinture elle-même. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 54

TRAVAIL D’APRES NATURE

«Ne copiez pas la nature, faites un choix parmi les éléments qu’elle vous offre »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 101

« Emplir ses yeux des fortes visions colorées des étendues vertes et bleues, où tous les verts et tous les bleus se mêlent et ce succèdent, où toutes les cultures et tous les arbres et tous les horizons noyés installent dans le souvenir d’indestructibles harmonies que fixent le poids des moissons, l’épaisseur des terres labourées, la profondeur des nuages qui parcourent un grand ciel. »
Elie Faure, Histoire de l’art, Bartillat, réédition 2010 (1921)

UNIQUE

«Unique, l’œuvre était une chose totalement singulière par sa réalité matérielle, multipliée, elle devient un signe»
Raoul Ergmann, Le miroir en miettes, Diogène, n° 68, 1969

UNITÉ

« Comment peut-il apercevoir toutes les feuilles des arbres, toutes leurs branches grêles sur le ciel blanc, tous les brins d’herbe, distinguer tous les oiseaux qui volettent et sautillent, décrire l’une après l’autre toutes les fenêtres des maisons et donner du même coup à la nature tout entière cette vie collective qui ne sépare rien de rien, enveloppe et couvre toutes les choses du même air, du même ciel? Comment n’oublie-t-il pas, quand il conte avec tous ses menus détails une historiette, qu’il est un peintre, pour soutenir, d’un bout à l’autre de la toile, les plus subtiles, les plus denses, les plus discrètes harmonies (…) »
Elie Faure, Histoire de l’art, Bartillat, réédition 2010 (1921), p. 497

« On pourrait dire que la noblesse d’une œuvre est en raison directe de ses renoncements. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 33

« Nous sentons le besoin d’éclaircir nos sensations, de débrouiller le chaos, d’écarter toutes les subtilités pour ne conserver que quelques grandes dominantes simples et fortes. Ce sentiment est si fort chez nous que certaines œuvres honnêtes et non dépourvues de qualités, nous deviennent insupportables (…) »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 87

« Ne s’intéresser dans le dessin qu’aux grandes dimensions de clair et de sombre. Faire simple, réduire aux grands volumes, à un effet essentiel. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 94

« Le bon peintre est celui qui enterre une couleur par jour. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994

« M. Horace Vernet crut une fois, plusieurs fois même, résoudre la difficulté par une série d’épisodes accumulés et juxtaposés. Dès lors, le tableau, privé d’unité, ressemble à ces mauvais drames où une surcharge d’incidents parasites empêche d’apercevoir l’idée mère, la conception génératrice. »
Baudelaire, Critique d’art, suivi de Critique musicale, Folio essais, 2005, p. 95

UNIVERSEL , UNIVERSALITÉ

« Les derniers Renoir sont les plus heureux, peut-être. Ce qui les rend plus émouvants, c’est leur spiritualité. Ces œuvres dépassent alors l’expression de la poésie personnelle. Elles atteignent à l’universel. Cela, les gens le sentent. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 56

« La vibration de l’âme remplace vite une personnalité, dont il ne faut pas oublier malgré tout, qu’elle ne compte que dans la mesure où elle s’exprime d’une manière assez extérieure pour s’imposer, à travers les générations, à des hommes qui ne connaissent plus rien des milieux où les artistes ont vécu. Je suis directement ému par une déesse crétoise sans pouvoir rien imaginer spontanément des valeurs esthétiques ou morales dont s’est inspiré l’auteur. »
Francastel Pierre, Peinture et société, Denoël, 1984, p. 155

VÉNITIENS

«On le considère comme un moyen sommet vénitien, entre les pics Giovanni Bellini, dont il fût l’élève, et Giorgione et Lorenzo Lotto. Mais l’altitude vénitienne est si haute que ses moyens sommets sont très au-dessus des culminants habituels. C’est le cas de Cima »

VIE

«Delacroix voyait bien que l’objet véritable de son art était de produire un monde c’objets autonomes dont la fonction serait d’agir comme des choses et non comme des signes, mais jusqu’où pouvait-on aller sur la route de cette autonomie, toute la tradition de la renaissance lui déconseillait de se le demander avec trop de précision. Mais le hasard nous a conservé quelques lignes d’un de ses carnets de notes qui permettent d’assurer, qu’au moins dans un éclair, placé à l’entrée d’une longue route Delacroix en a vu le terme : « … Au moment où il manquait à son tableau ce dernier souffle qui l’anime, ce souffle qui fait qu’un tableau cesse d’être un tableau pour devenir un (être), un objet, et un objet qui prend place dans la Création, pour ne plus périr, qui à un nom, qui s’appelle la transfiguration, etc.. »
Journal d’Eugène Delacroix, Supplément au journal, vol. III, pp. 375-376

« Il faut que la main avance dans l’inconnu, il faut qu’elle garde le sentiment des dangers qu’elle court, qu’elle sente le précipice. Imaginez une main qui fait un calque : elle sait où elle va ; parce qu’elle connaît son chemin, elle manque de vie. C’est exactement le contraire de ce qui doit se passer, le trait doit vivre et alors il est irréversible. »
Bissière Roger, T’en fais pas la Marie, écrits sur la peinture 1945-1964, Le temps qu’il fait, 1994, p. 95

 

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