L’interview de Christophe Kawalko

Kawalko Cristophe, La rose de vents, 130 x 97 cm, 2012. Photo de Kawalko C.

Kawalko Cristophe, La rose de vents, 130 x 97 cm, 2012. Photo de Kawalko C. (cliquez pour agrandir !)

Qui sont les peintres d’aujourd’hui ? Voici Christophe Kawalko, un acharné, qui ne plaisante pas avec les valeurs proprement picturales. Quelles qu’aient été les circonstances, et parfois les difficultés, il n’a jamais renoncé, ni même ralenti sa marche.

Il a accompli un travail fou et a plusieurs fois renouvelé sa peinture au risque de dérouter ses plus fervents supporters. À son propos, ou plus exactement à propos des deux premières toiles qui illustrent cet entretien, Astolfo Zingaro, précédemment interviewé, a dit « C’est Greco ». Excusez du peu. Pourtant, regardez attentivement les deux premières reproductions de l’entretien : vous verrez qu’il n’y a rien d’aberrant dans cette appréciation.
J.L. Turpin : Christophe, quels peintres t’ont influencé ?  À quel moment et dans quelle mesure ?
C. Kawalko : tout d’abord Rembrandt avec ses portraits, j’avais entre 16-17 ans, peu après la peinture vénitienne. Plus tard, entre 1980-90, le Greco et de Staël. Ensuite Bram van Velde et Rothko. Progressivement ces influences n’ont plus été déterminantes sur mon travail.

J.L. Turpin : y-a-t-il eu au moins une personne qui s’est révélée indispensable à ton avancée dans le monde de la peinture ?
C. Kawalko : le passage dans les ateliers de la ville de Paris où enseignait Rémy Aron m’a permis de prendre une direction solide.

J.L. Turpin : des artistes incontestables, comme Staël et Giacometti, ont affirmé que ― d’une certaine manière, on peut peindre n’importe quoi. À chacun ses sources d’inspiration, ses sujets de prédilection. Quels sont les tiens ? Je ne parle pas ici de la raison profonde qui te pousse à peindre ou des objectifs que tu tiens pour essentiels. Je pense aux éléments du monde visible ou d’un monde imaginaire, intérieur, rêvé… qui nourrissent ton travail.
C. Kawalko : dans mon cas tout est lié à l’évocation de l’espace ; je dirais peindre l’insaisissable ou « l’invisible ». En tout cas, je cherche à atteindre quelque chose qui est de l’ordre de l’insaisissable ou de « l’invisible ».

J.L. Turpin : je sais que tu as toujours eu une pratique très soutenue. Concrètement, quel est ton rythme de travail ?
C. Kawalko : je travaille régulièrement, de préférence le matin, j’aime la lumière du jour. Je passe de grands moments de réflexion à l’investissement physique demandé par les grands formats. Cet exercice de la peinture rythme ma vie quotidienne.

Kawalko Cristophe, Au loin, huile sur toile, 130 x 97 cm, 2012. Photo de Kawalko C.

Kawalko Cristophe, Au loin, huile sur toile, 130 x 97 cm, 2012. Photo de Kawalko C.

J.L. Turpin : Est-ce que la modernité, l’ancrage dans l’époque actuelle, te préoccupe ? Si c’est le cas, comment cette préoccupation se traduit-elle dans ton travail ?
C. Kawalko : beaucoup de choses se cristallisent dans la vie d’un être, on fait partie d’une époque sans le vouloir. Je pense que ce limon nous ancre dans l’époque dans laquelle on vit et la question de la contemporanéité m’intéresse sous cet angle là.

J.L. Turpin : Comment ça se passe dans l’atelier ? Quelle est ton attitude, ta stratégie face à la toile ? C’est-à-dire comment fonctionnes-tu ? Peux-tu évoquer ce qu’on appelle le processus créatif, en tout cas celui qui te correspond ?
C. Kawalko : je travaille souvent sur plusieurs toiles, parfois regroupées en série. Entre chaque intervention sur le tableau un temps d’attente s’installe. Ceci permet de ne pas forcer les choses, c’est-à-dire de laisser les éléments du tableau s’affirmer. À chaque reprise il faut prendre le risque de tout remettre en jeu et cette intensité là est beaucoup plus importante à la fin.

J.L. Turpin : j’ai une dernière question, peut-être un peu plus difficile ou délicate que les autres. Il y a quelques années maintenant, tu m’as dit que l’amateur, la personne susceptible de t’acheter un tableau, remarquerait et choisirait la « toile achevée ». Entre, totalement aboutie, peaufinée ou simplement trouvée, plusieurs interprétations sont possibles : qu’entendais-tu exactement par « toile achevée » ?
C. Kawalko : c’est le risque permanent et la suite d’un processus créatif qui conduit le tableau à se trouver ou à se solidifier dans sa destination. À mes yeux, les tableaux qui n’ont pas cette solidité sont à retravailler et même à détruire. L’amateur remarque souvent les tableaux les plus aboutis parmi d’autres (moins solides).

Kawalko Cristophe, Les herbes hautes, 130 x 150 cm, 2012. Photo de Kawalko C.

Kawalko Cristophe, Les herbes hautes, 130 x 150 cm, 2012. Photo de Kawalko C.

Plus de travaux et d’information sur Christophe kawalko :
http://www.artmontparnasse.com/artistesdelagalerie/kawalko.html

Interview réalisé en mai 2016 pour sur-la-peinture.com

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